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1640 mètres de remparts médiévaux

Chemin de ronde sud et porte de l’Organeau, depuis la tour des Bourguignons

Avec 1640 mètres de remparts ceinturant la ville d’Aigues-Mortes, cet ouvrage est l’un des mieux conservés d’Europe !

Un ouvrage défensif en parfait état

Louis IX voulait doter sa cité de remparts pour la protéger à la fois d’éventuels ennemis et des vents qui amoncelaient le sable dans les rues. Malheureusement, il meurt en croisade à Tunis en 1270 et n’a pas le temps de voir aboutir son projet.

Les travaux de l’enceinte débutent deux ans après la mort du roi. Philippe III le Hardi reprend le projet, Philippe Le Bel le poursuit. C’est donc à l’extrême fin du XIIIe siècle ou au tout début du XIVe siècle qu'est achevé cet ensemble défensif.

L’enceinte s’étend sur une longueur de 1640 mètres. Le mur d’enceinte est solidement armé, par une série d’archères  basses accessibles par la rue qui longe le mur intérieur et par les créneaux du chemin de ronde. Pour faciliter l’accès des soldats aux courtines , quinze escaliers militaires relient le chemin de ronde directement à la ville. Certains de ces escaliers sont aujourd’hui murés.

Les courtines s’élèvent à environ 11 mètres et ont une épaisseur approchant les 3 mètres. Les différents ouvrages qui s’égrènent tout au long de ce périmètre s’élèvent en moyenne à 18 mètres au-dessus du sol. Mais il ne s’agit là que de la partie minérale, la seule qui soit parvenue jusqu’à nous. Il faut imaginer au-dessus de ces murs toute une construction de bois formant les hourds .

Photo de la porte de l’Arsenal et de la tour de la Poudrière, les salins blancs en arrière plan
Porte de l’Arsenal et tour de la Poudrière

© David Bordes

Les remparts

Le rempart Sud

Aigues-Mortes est totalement tournée vers la mer et les étangs qui en forment l’antichambre : militairement protégé par sa lagune, le front sud est largement ouvert par cinq portes permettant un accès facile au port. Les noms des ouvrages, porte des Galions, de la Marine, de l’Arsenal, témoignent de l’activité portuaire de la ville. 

La porte des Moulins comportait en terrasse deux moulins à vent au XVIIe siècle. Observez les remarquables sculptures des clés de voûte des deux salles hautes, un ange qui tient une couronne et un vieillard grimaçant.

La porte de la Marine présente en terrasse une vue panoramique sur les salins.

La porte des Galions présente des voûtes décorées d’un Minotaure et d’un moine parlant aux oiseaux.

 

Photo de la porte des moulins depuis l’extérieur de la fortification
Porte des Moulins

© David Bordes / Centre des monuments nationaux

Le rempart Nord

Au nord, en revanche, c’est la volonté de défense qui prédomine. 

On compte deux grandes portes seulement. La porte de la Gardette est la porte principale d’accès à la ville. Pour renforcer sa défense et le contrôle des accès, elle était précédée d’une barbacane . Un pont-levis enjambait le fossé en eau, on en distingue les traces en façade. Et la porte Saint-Antoine qui est une entrée secondaire. 

Entre ces portes, les tours du Sel et de la Mèche renforcent la courtine et permettent une défense plus efficace des fossés. La tour de Villeneuve est caractéristique d’une tour d’angle, en confortant la défense du mur d’enceinte. 

Aux yeux des concepteurs de l’ouvrage, l’ennemi ne pouvait venir que du nord et les échanges commerciaux devaient être favorisés.
 

photo de la porte de la Gardette depuis l’extérieur des fortifications
Porte de la Gardette

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Le rempart Est et Ouest

Si les côtés nord et sud ont reçu deux grandes portes ; il ne s’en trouve qu’une côté est : la porte de la reine qui ouvrait l’accès au chemin de Peccais vers les salines royales. 

On ne trouve qu’un petit ouvrage d’entrée côté ouest, la porte des Remblais

D’autre part, la porte des Cordeliers (à l’Est) ne connaît pas d’équivalent dans la construction. Faut-il voir dans sa présence une faveur accordée aux Frères Mineurs pour sortir plus aisément dans les champs qui avoisinaient la ville ?

Porte de la Reine, photo de l’extérieur des fortifications, un champ au premier plan
Porte de la Reine

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

L'art de la guerre et la défense de la ville

Le monument d’Aigues-Mortes présente un exemple parfait pour s’initier à l’architecture militaire médiévale, en découvrir le vocabulaire et comprendre les techniques de défense utilisées par les défenseurs de la ville. 

Même si les superstructures de bois ont disparu (les hourds), on peut, en cheminant sur la courtine et au travers des différents ouvrages se familiariser avec les éléments architecturaux de défenses extérieurs, comme les archères, les chambres de tir, les échauguettes , les assommoirs , les créneaux  et les merlons  formant protection et supportant les hourds… et avec ceux que l’on doit rattacher à la défense des courtines elles-mêmes, les bretèches  par exemple, ou le système des escaliers militaires.

Photo de l’échauguette à l’entrée de la cour d’entrée du monument
Échauguette

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Aménagements et décors

En dehors des moments de conflit, l’enceinte tient un rôle social : c’est la protection contre les rôdeurs, les animaux sauvages, les épidémies.

Les intérieurs sont confortables et raffinés pour adoucir le séjour des protecteurs de la cité : grandes cheminées, latrines, décor soigné…

Les quinze ouvrages de l’enceinte ont reçu des éléments de décor : arcs en ogive , clés de voûte et culots  à l’intérieur, gargouilles à l’extérieur, autant d’éléments traités avec art ou naïveté, témoignage du goût des hommes de ce temps, qui n’hésitaient pas à orner finement les bâtiments militaires. Motifs floraux ou géométriques, monstres et grotesques, portraits, scènes de bataille…

Photo de l’interieur de la tour du Sel, on y vois une grande cheminée et des coussièges de part et d’autre d’une fenêtre fermée par un volet
Coussièges et grande cheminée de la tour du Sel

© David Bordes

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